Aménagement de milieux de travail inclusifs
Comme bien d’autres personnes, George Parsons fait une première dépression pendant son adolescence. N’ayant pas terminé ses études secondaires, il commence à travailler très tôt, d’abord dans des cuisines, puis comme technicien dans un magasin d’informatique à Halifax, en Nouvelle-Écosse.
Pour lui, le travail n’est rien de plus qu’un gagne-pain. « Subsistance » est le mot que George utilise pour décrire sa vie pendant 20 ans. « Payer mon loyer et mon épicerie. Me battre contre la dépression. Essayer de ne pas la laisser prendre le dessus sur moi. »
Selon l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes menée récemment par Statistique Canada, 11 % des adultes au Canada vivent une dépression majeure à un moment ou l’autre de leur vie. Souvent incomprise, minimisée ou considérée honteuse, la dépression existe souvent dans l’ombre, ses victimes laissées à elles-mêmes. Lorsqu’elle n’est pas diagnostiquée ou traitée, la dépression peut avoir des conséquences parfois dévastatrices.
Au milieu de la quarantaine, George se sent glisser plus profondément dans le cycle de sa dépression. Il perd son emploi à la boutique d’informatique. Il ne sort plus de chez lui. Il ne parle à personne. Il n’a plus d’argent pour payer son loyer.
« Je savais que je devais trouver un moyen de m’en sortir. J’avais besoin d’une solution durable pour me mener vers quelque chose de plus intéressant. »
Pour George, le travail lui-même — la coupe, le perçage, le ponçage — était bien, mais c’est la culture de son milieu de travail qui lui a fait vivre une expérience inoubliable.
George trouve un thérapeute et un conseiller en emploi, qui lui parlent de LakeCity Woodworkers. Il s’agit d’un organisme de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, qui offre des programmes de perfectionnement des compétences pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale. George commence à travailler dans l’atelier de menuiserie, où il assemble des supports à bouteilles de vin. Pour George, le travail lui-même — la coupe, le perçage, le ponçage — était bien, mais c’est la culture de son milieu de travail qui lui a fait vivre une expérience inoubliable.
« Dans le monde du travail, on met habituellement l’accent sur l’exécution des tâches, indépendamment de tout le reste. Ici, l’accent est mis sur le soutien aux personnes qui font le travail. C’est une démarche ascendante qui fonctionne vraiment. »
Chez LakeCity Woodworkers, un organisme fondé en 1972, les clients vivant avec une maladie mentale travaillent aux côtés de menuisiers professionnels, employés à temps plein. Les clients acquièrent de l’expérience de travail et reçoivent une allocation. Idéalement, le programme sert de tremplin vers un emploi à plein temps ailleurs.
George participe au programme pendant un an, jusqu’à ce que l’évolution du marché mondial des déchets lui fournisse la stabilité dont il a besoin. À l’époque, Halifax était aux prises avec de graves difficultés d’élimination de matières plastiques depuis que la Chine — un pays qui achetait auparavant énormément de matières récupérées — avait resserré ses normes d’achat. Plutôt que d’envoyer ses plastiques aux dépotoirs situés à l’extérieur de la province (puisque la Nouvelle-Écosse n’autorise pas les matières plastiques dans ses dépotoirs), une entreprise de recyclage locale propose à LakeCity Woodworkers de former un partenariat pour transformer les déchets en madriers de plastique qui serviront à fabriquer des clôtures et des meubles de patio. George se fait offrir un emploi à plein temps dans cette nouvelle équipe.
La voix de George trahit son enthousiasme lorsqu’il décrit son travail et l’idée de base du projet : transformer les déchets en quelque chose d’utile.
« C’est un drôle de sentiment », dit-il en parlant de la perspective de gagner un bon revenu, de faire un travail intéressant et des aspects positifs de sa nouvelle vie.
George n’est pas du tout inquiet de travailler dans un nouvel environnement. L’année de formation à LakeCity Woodworkers a stimulé sa confiance. Il n’a eu besoin que d’un petit coup de pouce : un superviseur compréhensif et disponible pour discuter avec George au besoin, et la certitude qu’il pourrait prendre quelques minutes de répit sans qu’on lui demande pourquoi. « Un environnement où je peux être moi-même, sachant que j’ai des obstacles à surmonter, mais en réalisant qu’ils n’ont pas nécessairement à m’empêcher de réaliser à mes objectifs. » Dans cet environnement, George n’a pas besoin de s’inquiéter des moments difficiles qu’il vit de temps à autre. Il s’est également rendu compte que ces moments sont de plus en plus rares.
« Un environnement où je peux être moi- même, sachant que j’ai des obstacles à surmonter, mais en réalisant qu’ils n’ont pas nécessairement à m’empêcher de réaliser mes objectifs. »
L’atelier de matières plastiques a déjà produit quelques prototypes de tables de pique-nique destinées à des parcs provinciaux et municipaux. George précise qu’elles sont fabriquées à 100 % de matières recyclées et qu’elles sont recyclables, durables et faciles à entretenir. Alors que les tables sont placées à l’extérieur pour tester leur résistance aux intempéries, les appels d’acheteurs potentiels se multiplient.
« Je suis tellement heureux de pouvoir contribuer à changer les choses de plusieurs manières », dit George, qui soutient avoir trouvé sa solution durable.
leur trouble mental
nuira à leur potentiel
professionnel.
Commission de la santé mentale du Canada. La nécessité d’investir dans la santé mentale au Canada, 2016.
Globe and Mail et Morneau Shepell. The Mental Health Experience in Canada’s Workplaces, 2017.
au travail ont nui à leur santé mentale.
mentale dans leur milieu de travail.
pour près de 30 % des demandes de prestations d’invalidité à court et
à long terme au Canada et constituent l’un des trois principaux motifs à
l’origine de telles demandes selon 80 % des employeurs.
causes de leur problème de santé mentale.