Inspiration et leçons de vie pour les jeunes du Canada
Justin Holness a 17 ans lorsqu’il quitte le nid familial pour la première fois. Sans le savoir, il s’installe dans un quartier de Winnipeg où s’affrontent deux gangs, soit la Mafia africaine et l’Indian Posse. « Comme je suis à moitié noir et à moitié autochtone, aucune des deux gangs ne savait quoi faire de moi », dit Justin, qui a aujourd’hui 33 ans.
Ébranlé par le récent divorce de ses parents et cherchant désespérément sa place dans le monde, Justin se laisse influencer par de mauvaises fréquentations. « J’étais complètement perdu. » Un jour, il reçoit un appel de son frère qui lui annonce la naissance prochaine de son premier enfant. Il deviendrait « oncle Justin ».
« La nouvelle m’a fait prendre conscience que j’avais pris le mauvais chemin. J’avais honte de faire partie d’un gang de rue. J’ai dû affronter mes problèmes. Je me suis demandé quel genre de personne j’allais être pour ma toute jeune nièce, quel exemple je lui donnerais, ce que j’avais à lui offrir. »
Une dizaine d’années plus tard, Justin est maintenant connu sous le nom de Jah’kota — un artiste hip-hop populaire ayant composé quelques albums, un entrepreneur installé à Ottawa, un modèle et un mentor pour les jeunes autochtones qui essaient de percer dans l’industrie de la musique. « Bien franchement, la musique m’a sauvé la vie. »
En choisissant Jah’kota comme nom de scène, Justin rend honneur à ses origines jamaïcaine et nakota. Sa musique dénonce les séquelles du colonialisme sur la communauté autochtone. Ses chansons parlent de douleur et de colère, mais aussi de fierté et d’espoir.
Bien franchement, la musique m’a sauvé la vie.
« Woke est une chanson qui invite les personnes à comprendre leur identité, leur histoire et le fait que nous sommes dans une période de résurgence, un temps où les jeunes grandissent avec leurs traditions, leurs cérémonies et où ils apprennent leur langue. Ils finissent leurs études. Ils fondent des entreprises. On assiste à tellement de choses incroyables. »
Inspirer et éduquer les jeunes par la musique est la passion de Justin, mais il ne se limite pas à chanter à ce sujet. Il porte son message directement dans les écoles secondaires et parle aux enfants du traitement que le Canada fait subir aux peuples autochtones depuis toujours.
Quand Jah’kota est invité à parler aux jeunes dans une école, il leur offre une véritable leçon d’histoire accélérée en utilisant des images, des vidéos et de la musique et en leur présentant un spectacle hip-hop dans l’auditorium. Il parle de sa grand-mère qui a été placée de force dans un pensionnat indien quand elle était enfant et qui est ensuite devenue la première cheffe du premier conseil de bande entièrement composé de femmes et du Conseil de la Première Nation Ocean Man, en Saskatchewan. Il explique l’importance de la roue de médecine et présente des images de la crise d’Oka diffusées par les journaux télévisés. Il détend ensuite l’atmosphère avec sa musique. Quand il les invite à chanter avec lui, les jeunes scandent tous à haute voix « Wake up! Wake up! Wake up! Wake up! » en suivant le rythme, fiers d’appeler les autres à se réveiller! Chaque fois qu’il monte sur scène dans une école, Jah’kota partage la vedette avec de jeunes artistes autochtones, comme Kaid, neuf ans, de la Première Nation Kitigan Zibi, qui a récemment soulevé les passions en exécutant une danse du cerceau à Gatineau.
« Le fait de pouvoir parler aux jeunes dans leur langue [par la musique] les aide à apprendre et à comprendre la vérité sur notre histoire, dit Justin. Au lieu de se contenter de parler, ils sentent qu’ils ont un rôle à jouer. Les jeunes non autochtones veulent aussi partager ma musique et cela les aide à sentir qu’ils font quelque chose pour changer les choses. »
« [...] nous sommes dans une période de résurgence, un temps où les jeunes grandissent avec leurs traditions, leurs cérémonies et où ils apprennent leur langue. »
En 2018, Justin a reçu le Prix Trailblazer de la CBC pour TR1BE Music. Justin est le propriétaire et fondateur de cette première plateforme autochtone de diffusion en continu bâtie sur un modèle de partage des profits avec les artistes. Le site fait la promotion d’artistes autochtones et les aide financièrement en leur remettant une part des sommes obtenues par les abonnements. La plateforme mettra bientôt en ligne le troisième album de Jah’kota intitulé Resurgence. « Quand j’ai composé mes deux premiers albums, j’étais en colère contre le Canada et j’ai exprimé cette colère dans ma musique. Resurgence parlera de résilience. »
Le nom spirituel de Justin est « owicagiyesa », qui signifie « celui qui aide » dans la langue nakota. Justin essaie d’incarner ce nom en faisant le tour des écoles secondaires, en composant sa musique et en gérant sa plateforme de manière à partager les profits avec les artistes.
« Être autochtone et être fier de soi est une forme d’activisme. J’essaie simplement d’être la meilleure version de moi-même pour inspirer les jeunes à être la meilleure version d’eux-mêmes. »
« [...] nous sommes dans une période de résurgence, un temps où les jeunes grandissent avec leurs traditions, leurs cérémonies et où ils apprennent leur langue. »
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Statistique Canada. Un portrait des jeunes Canadiens, Statistique Canada, 2018, no au catalogue 11-631-X.